Au Musée des Arts Décoratifs
Il y a 30 ans, la mode faisait enfin son entrée au musée! Pour marquer le coup, le Musée des Arts Décoratifs à Paris consacre à cet univers, une exposition qui relate l’histoire de la mode depuis la fin du règne de Louis XIV (roi puissant mais aussi icône de la mode) jusqu’à nos jours.
300 pièces de mode féminine, masculine et enfantine sont réunies jusqu’au 14 août 2016 pour relater l’évolution du vêtement.
Un voyage au fil du temps ponctué de moments clés de l’histoire de la mode et de figures majeures de l’univers de la couture à l’instar de Charles Frederick Worth, Jacques Doucet, Paul Poiret, Jeanne Lanvin, et les autres…
3 siècles de création où la mode dialogue avec les autres arts de son temps qui ont toujours constitué une source d’inspiration et où chaque vêtement est commenté et restitué dans son contexte historique.
«Qu’est-ce que la mode?»
Dans le catalogue de l’exposition, l’auteure Pamela Golbin raconte que c’est Gabrielle Chanel qui la première a tenté de trouver une réponse… en vain: «J’aimerais réunir les couturiers et leur poser la question: «Qu’est-ce que c’est la mode?» Expliquez-moi. Je suis persuadée qu’il n’y en a pas un qui me donnerait une réponse valable… Moi non plus d’ailleurs», aurait affirmé la célèbre couturière. Pour la conservatrice générale Mode et Textile, «La mode semble être à la fois un des remparts de la civilisation et synonyme de passeport, de sésame multiculturel, afin de voyager dans le temps et par le monde, un don d’ubiquité qui a l’air de plaire et d’attirer les foules comme un aimant.»
Mais avant que la mode ne se démocratise et que l’on assiste à la starisation des couturiers, qu’en était-il de l’histoire du vêtement?
L’habit fait le moine
Pendant des siècles, l’habit était le signe de l’appartenance sociale. C’est ainsi qu’au XVIème siècle en France des décrets royaux interdisaient aux roturiers, quels que soient leurs moyens financiers, de se vêtir à la manière des nobles.
Même entre nobles, les clivages existaient, puisque Louis XIV avait octroyé un nombre limité de «brevets» à des nobles leur permettant ainsi d’arborer un habit brodé d’or et d’argent appelé «justaucorps à brevet». Il fallait attendre qu’un détenteur de ces fameux brevets décède pour que celui-ci soit octroyé à un autre… La mode devenait ainsi un moyen pour le souverain de contrôler ses sujets!
Plus tard, la bourgeoisie naissante défie les règles, n’hésitant pas à payer des amendes pour pouvoir arborer un vêtement réservé à la noblesse.
Ce n’est qu’après la Révolution Française que les codes seront bousculés notamment avec l’apparition sous le Directoire des «Incroyables» et des «Merveilleuses»; en réaction au règne de la terreur, des jeunes gens arboraient des coiffures et tenues extravagantes telles que des redingotes très courtes dont ils fourraient le dos afin d’avoir l’apparence d’un bossu ou de gigantesques cravates semblant cacher un goitre… Quant aux merveilleuses, elles s’étaient libérées du corset enfilant des tuniques en mousseline transparente, des bagues aux orteils et arborant des cheveux courts et frisés. Shocking! C’est de cette mode d’une excentricité excessive que découlera la silhouette «à l’antique» adoptée sous l’Empire.
L’avènement des couturiers
Bien que la couturière Rose Bertin que l’on surnommait «ministre de la mode» de Marie Antoinette ait réussi à accéder à la notoriété, il faudra attendre Charles Frederick Worth pour que le couturier obtienne ses lettres de noblesse. Cet Anglais, fournisseur privilégié de l’Impératrice Eugénie, fut le premier à avoir eu l’idée d’apposer une étiquette portant son nom sur les vêtements. Par ce geste, il révolutionnait le métier créant par la même occasion le concept de «griffe vestimentaire». C’était également une façon d’exprimer sa propre identité et son style; le couturier n’était plus un simple exécutant mais un maître penseur qui imposait ses créations. On peut dire que Worth fut le premier véritable «créateur» dans l’univers de la mode ouvrant ainsi la voie aux célèbres noms qui vont suivre.
R.C.