Qui fait quoi?

Une grande maison de couture sans directeur artistique, une autre qui fusionne les collections homme et femme, sans parler de l’éternel jeu de chaises musicales… Le moins que l’on puisse dire est que la planète mode entame un nouveau tournant cassant les codes établis depuis des décennies!

L’adieu de Slimane à Saint Laurent
Ce n’était pas un poisson d’avril: l’annonce le 1er avril dernier du départ de Hedi Slimane de la Maison Saint Laurent était bel et bien vraie! Celui qui a poussé la célèbre Maison de couture à reprendre son appellation d’origine avait réussi en quelques années à rebooster les ventes grâce à un dépoussiérage de fond de l’image de la marque. Depuis Los Angeles où il avait délocalisé le studio de création, il élaborait des collections plus contemporaines, plus rock, tout en préservant l’esprit de Monsieur Saint Laurent.
Alors qu’Anthony Vaccarello prend la relève, on n’a aucune idée des plans d’avenir du designer sortant. Et s’il retournait chez Dior?…

Stylistes fantômes chez Dior
Depuis le départ de Raf Simons c’est au studio de création de Dior qu’échoit l’élaboration des collections. Il faut dire que la direction artistique de la Maison était passée de l’exubérance la plus totale de Galliano à la retenue la plus feutrée de Simmons pour finir dans une sorte d’anonymat presque fantomatique… Car si Lucie Meier et Serge Ruffieux sont à la tête du studio de création, tout le monde est conscient qu’en réalité le duo suisse ne fait qu’assurer l’intérim en attendant qu’un nouveau directeur artistique soit nommé. Depuis le départ scandaleux de Galliano, la marque est désormais habituée à gérer l’absence de directeur artistique… mais jusqu’à quand?
Si l’on fait le bilan des dernières années, on constate qu’aussi bien Galliano que Simmons, bien qu’ayant des profils foncièrement opposés, ont réussi à booster les ventes, l’un à coup d’excentricité et l’autre à travers une mode sagement sophistiquée. Mais si Galliano, miné par l’alcool et la drogue, a fini par craquer nerveusement, Simmons semble avoir pris du recul vis-à-vis d’un rythme effréné imposé aux créateurs par le calendrier de la mode (6 collections par an!). C’est à ce rythme qu’a voulu s’extraire Raf Simons en quittant la célèbre Maison.
Cela dit, depuis que Hedi Slimane est libre, les rumeurs enflent concernant son retour chez Dior qu’il connaît si bien. À moins que pour la première fois de son existence, la Maison de l’avenue Montaigne ne jette son dévolu sur une femme pour changer?

Une femme chez Lanvin
C’est justement à une femme qu’échoit désormais la responsabilité de créer les collections chez Lanvin! Et pas n’importe laquelle: il s’agit de Bouchra Jarrar.
Depuis le départ du très médiatique Alber Elbaz, les spéculations allaient bon train. Surtout que Michèle Huiban, P.-D.G. de Lanvin, a mis 5 mois (et deux collections) avant de nommer un successeur.
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la marque avec une styliste dont les créations sont un mélange de délicatesse, sensualité et sobriété. Après avoir côtoyé Nicolas Ghesquière chez Balenciaga, Jean Paul Gaultier et Christian Lacroix, Bouchra Jarrar avait fondé sa propre Maison de couture se faisant un nom parmi les plus grands stylistes de la planète mode. À suivre!

Galliano, à l’ombre de Margiela
John Galliano est enfin en paix! Cinq ans après le scandale qui l’avait mis au ban de la société, le créateur a trouvé sa place dans l’invisibilité de Martin Margiela. Dès ses débuts, le créateur belge a surfé sur la vague de la discrétion. Une discrétion assourdissante puisqu’il suffisait de voir les 4 petits points de couture visibles à l’arrière du vêtement pour deviner que c’est un Margiela.
À une époque où Galliano apparaissait déguisé sur les podiums où ses défilés grand spectacle rivalisaient avec les shows les plus déjantés du showbiz, Margiela n’accordait aucune interview de visu et n’apparaissait sur aucune photo. Finalement, cet univers secret est devenu le havre de paix de Galliano qui semble avoir intégré également le minimalisme radical mais poétique du fondateur de la marque belge.
Happy end bien méritée pour John!                                       

R.C.