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Jacques Debs

Jacques Debs D.R.

Cinéaste globe-trotter!

Il a sillonné le monde sa caméra au poing pour témoigner de cultures diverses avec un regard dénué de tout préjugé. De ses pérégrinations sont nés des films documentaires touchants de vérité.

Fasciné par l’Éthiopie de Hailé Sélassié et de la Reine de Saba, Jacques Debs réalise en 2013 une série de quatre films documentaires intitulés «Mes Éthiopiques». Une tétralogie consacrée aux principales Églises Premières fondées par des apôtres partis évangéliser en Orient. S’ensuit un livre édité chez Albin Michel sur le même thème qui met en avant l’avènement du Christianisme au Liban, en Arménie, en Inde et en Éthiopie.
Qui aurait pu croire que celui qui a consacré quatre documentaires aux Églises Premières fut un temps un jeune adolescent athée! Ce n’est qu’au début de la guerre du Liban qu’il découvre la foi, lorsqu’il se rend compte que «les bombardements syriens ciblaient les civils chrétiens», dit-il.
Femme Magazine a rencontré à Paris ce réalisateur atypique.

Ce sont donc les bombardements syriens qui vous ont fait redécouvrir la foi?
Comme beaucoup de jeunes chrétiens dans les années 70, j’ai été de gauche. La destruction par les bombardements syriens de la maison de mes grands-parents m’a déniaisé. J’ai pris conscience que même athée, je restais Maronite. Plus tard, j’ai retrouvé la foi et réalisé combien belle était la spiritualité maronite. En Orient, qu’on le veuille ou pas, on se définit en fonction de son appartenance religieuse et non en fonction de son appartenance à une «nation» ou un «État». C’est comme ça! Au Liban, Chrétiens et Musulmans ont pu accéder à un consensus politique raisonnable grâce au Pacte National. C’est d’ailleurs la seule invention politique des Orientaux depuis plus de mille ans. Au XIXème siècle, nous avons adopté le nationalisme, au XXème siècle, le communisme et le fascisme. Toutes ces idéologies ont échoué, en Europe et chez nous. La seule invention qui vient réellement du Levant est le «Pacte National» qui a permis aux Chrétiens et aux Musulmans de se partager le pouvoir. C’est pourquoi je pense qu’abolir le confessionnalisme au Liban est une utopie dangereuse qui finirait par abolir les Libanais eux-mêmes!
Il n’y a aucun système parfait (sauf au Paradis!), on ne peut pas construire une cité idéale. L’essentiel est qu’il n’y ait plus de guerres et que les conflits se résolvent grâce à un dialogue pacifique et non pas par les armes. Le Pacte National à la libanaise pourrait être une solution, même imparfaite, pour les pays du Moyen-Orient multiethniques tels que l’Iraq, la Syrie, la Turquie…

Quelle est votre vision personnelle de la Chrétienté aujourd’hui?
Il n’y a pas une Chrétienté mais des Chrétientés très diverses. Le christianisme est en crise. Celle qui touche l’Europe concerne la foi. Ce continent est miné par la paresse spirituelle. Alors qu’en Orient, les Chrétiens vivent une crise politique et sécuritaire, car ils sont victimes depuis 1860 de massacres et génocides. Leur pourcentage est passé de 25% dans tout l’Orient en 1913 à moins de 5% aujourd’hui, c’est dire l’hécatombe. Cependant, les séminaires et les églises ne désemplissent pas.

Vous êtes Maronite croyant mais explorez aussi d’autres disciplines spirituelles comme le Zen japonais.
Dans toutes les civilisations, les mystiques explorent les mêmes champs et travaillent sur les mêmes illuminations. Les religieux dénaturent leurs messages quand ils essayent de tout contrôler par le pouvoir.

Vous êtes un infatigable globe-trotter. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rendre dans des endroits reculés de la planète?
J’ai voulu comprendre pourquoi la Guerre du Liban a duré si longtemps: pourquoi nous nous sommes battus et tant détestés. Quand des archéologues veulent comprendre le fonctionnement d’une cité, ils en sortent. C’est pourquoi je suis parti à la rencontre de cultures très différentes de la mienne afin de comprendre cette déchirure qui nous fait souffrir depuis 1975. Les combats se sont arrêtés, mais nous ne sommes pas sortis de la guerre, sans pour autant entrer dans le temps de la paix…
À mon sens, comme je l’ai écrit, une des solutions pour accéder à la paix en Orient est «la nouvelle Orientalité». L’Arabité est morte. Pour réconcilier tous les peuples de la région (les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans, les non-croyants, les arabophones et les autres), il faut qu’ils soient liés, non pas par un État ou une organisation, mais par le plus petit dénominateur commun qui leur permette de vivre ensemble dignement dans leurs pays respectifs. À mon sens, la «nouvelle Orientalité» permet à tous les peuples de coexister, de vivre ou pas, dans un même État. La nouvelle orientalité n’exclut personne, elle inclut tout le monde, Kurdes, Arabes, Arméniens, Turcs, Iraniens, Israéliens, croyants, athées, etc. On ne peut pas imposer une identité à une région où cohabitent des ethnies aussi diverses. Après les deux guerres mondiales, les Européens ont créé l’Europe, l’Orient pourrait faire de même!

Parmi les cultures explorées, laquelle vous a le plus fasciné?
Sans conteste le Japon qui est un pays absolument merveilleux. Dès que vous y mettez les pieds, vous êtes sur une autre planète. Tout est différent: les codes qui régissent le comportement, les mentalités, l’organisation de l’espace… C’est passionnant!
J’ai également été très ému par l’Éthiopie. J’en rêvais depuis l’enfance. Du coup j’appréhendais le moment où j’allais être confronté à la réalité. J’avoue que j’y ai découvert des aspects inattendus, par exemple la qualité du silence, notamment dans les lieux publics. Ici nous sommes constamment agressés par le bruit. Les Éthiopiens connaissent la valeur du silence, c’est dire qu’ils ont une vie intérieure très riche.

N’êtes-vous pas tenté par le long métrage?
Le documentaire m’a embarqué dans un voyage qui m’a permis de rencontrer des personnages extraordinaires.

Rola Cusson

 

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Editorial

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