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Yamina Benguigui

Yamina Benguigui Régine Mahaut.

Les droits de la femme au cœur de l’action

Femme engagée, militante et volontaire, Yamina Benguigui porte plusieurs casquettes. Réalisatrice de documentaires et présente à la télévision, elle anime des émissions comme «Place de la République» et «D’une rive à l’autre de la Méditerranée». La série à succès «Aïcha», c’est elle aussi sans oublier qu’elle est membre de la fondation France Libertés, ancienne ministre déléguée de la Francophonie, présidente du Forum mondial des femmes francophones.

Comment vous définissez-vous: actrice, artiste, écrivain, femme politique?
Comme une cinéaste médiatrice, une artiste militante, qui a mis l’engagement au cœur de sa créativité. L’image est pour moi une langue universelle et égalitaire, l’outil accessible à tous. Française d’origine algérienne, il était urgent pour moi de mettre en lumière la mémoire de l’immigration maghrébine en France. Dans l’inconscient collectif et politique, il y avait le modèle sommaire d’une immigration réduite à son expression rudimentaire: le travail.
La France avait parqué «l’immigré» nos parents, dans le hors champ de la société, ils étaient désignés comme une masse informe, sans visage, que l’on appelait «Les étrangers». Nous étions une génération sans mémoire. À ne pas connaître son histoire, sans mémoire on se trompe d’histoire. On ne peut pas parler d’enracinement aux enfants de l’immigration, tant qu’ils n’auront pas compris le déracinement de leurs parents. Mon intention de réalisation a été de les sortir tout doucement de l’ombre, de rendre à nos anciens leur dignité, de donner un nom, un visage, une histoire, à tous ces héros anonymes qui avaient écrit avec leur force de travail, une page de l’histoire économique de la France.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager en politique?
Chacun de mes films témoigne de ce devoir de mémoire qui tente d’éclairer les conséquences des failles d’une politique déshumanisée de l’immigration. Depuis plus de vingt ans, je fais des films, pour libérer la parole, et ouvrir le débat pour inciter les politiques à passer à l’action. Or, si le cinéma m’a permis de dire, la politique permet d’agir. J’ai mis au cœur de mon action politique la même volonté de décloisonner et de décoloniser les imaginaires.

Êtes-vous toujours active dans le monde de l’audiovisuel?
Je prépare une suite de «Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin». Ce film a été projeté en 1997. Je retrouve vingt ans après ces enfants qui étaient alors des Français issus de l’immigration… 20 ans après, ils sont perçus comme des Musulmans, et ils se perçoivent comme des Musulmans… Que s’est-il passé? Je prépare un long métrage, «Sœurs», qui sera tourné en Algérie avec Isabelle Adjani et Rachida Brakni et je coproduis une série politico-policière sur fond de terrorisme qui se passe dans de nombreux pays d’Afrique francophone.

À la veille du 3ème Forum Mondial des Femmes Francophones, quelles sont les avancées à ce jour?
Au cours des dizaines d’entretiens que j’ai eus au lendemain de ma prise de fonction en juillet 2012, un groupe de femmes m’a interpellée sur le drame qui se jouait dans le Nord-Kivu: des viols massifs planifiés par des groupes armés rebelles, pratiqués sur des fillettes de quelques mois jusqu’à des femmes de 70 ans. En toute impunité, les escadrons de violeurs, porteurs du virus du sida, sont doublement payés pour le propager. Le viol de guerre est un acte de barbarie. La profanation des vagins est une arme de destruction massive des femmes et des fillettes… C’est à ce moment d’indignation et de colère que j’ai décidé de mettre la question des droits des femmes francophones au cœur de mon action politique. J’ai alors initié le Forum Mondial des Femmes Francophones… Une des avancées lors du forum de Kinchasa a été la loi sur la parité promulguée par le président Kabila, en RDC.

Qu’est-ce qui a régressé?
Le statut des femmes est le baromètre incontournable de l’état d’évolution des sociétés. Il y a aujourd’hui 120 millions de femmes francophones dans le monde; elles seront plus de 350 millions en 2050. Or, dans de nombreux pays, les femmes subissent au quotidien des exactions, des violences de toutes sortes, n’ont aucune protection juridique ou sanitaire, sont exclues des systèmes scolaires. Dans les conflits armés, les femmes deviennent des «butins» de guerre, dans les crises politiques elles voient leurs droits régresser, comme en Tunisie, en Égypte, au Mali… D’après l’Unicef, 60% du milliard d’habitants de la planète sont des femmes, et 70% des 130 millions d’enfants non scolarisés sont des filles, 14 millions de filles par an, de moins de 15 ans, sortent du système scolaire et sont mariées, 30 millions de filles de moins de 15 ans sont sexuellement mutilées, une femme est victime d’excision toutes les 15 secondes. Face à ces chiffres, il est urgent de réveiller les consciences et d’agir…

Vos impressions sur l’identité de la femme libanaise?
La libanaise, comme la femme algérienne ou tunisienne, est une femme debout qui se trouve confrontée à tous les échelons de la vie en société par le machisme ancestral. L’évolution politique du pays ne se fera qu’avec l’arrivée des femmes. Il y a des discriminations vis-à-vis des femmes dans les lois et dans la réalité. «Le statut civil est la base de la première des discriminations».

Qu’est-ce que le mot liberté à la Femme signifie pour vous?
Il y a une révolution féminine en marche, elle est lente mais forte et dense. La lutte contre les préjugés ordinaires repose sur les valeurs de l’émancipation des femmes, aussi bien au niveau de leur corps, que de leur insertion sociale. Elles sont le socle des nations. La liberté, pour la femme, c’est le refus de la soumission à l’inféodation masculine, le refus d’être une mineure à vie, le refus de subir des mutilations sexuelles, le refus de la dictature du «nous» communautaire et machiste. Mais pour être libres, les femmes doivent parler et dénoncer.

Les valeurs que vous avez transmises à vos filles?
L’humanisme, la tolérance, le respect de l’autre dans ses différences, la lutte contre toutes les formes d’atteintes à ces valeurs, et le sens de l’engagement, au sens sartrien du terme, se sentir concerné par les problèmes de son temps…


Elga Trad

 

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Editorial

Poubelles, le scandale continue
8 longs mois de crise, 8 mois de détritus de toutes sortes entassés un peu partout, 8 mois d’effluves et d’exhalaisons toxiques, 8 mois de suffocation,
8 mois de tergiversations, d’accusations réciproques, de règlements ratés adoptés puis rejetés… On aura tout vu, tout entendu, tout respiré et tout avalé! Et ce n’est pas fini, loin de là. Pas un jour ne passe sans l’émergence d’un nouveau scandale encore plus abominable que les précédents.

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