Ne comprenez pas par là que Madame cherche un Monsieur important, qui roule dans une belle voiture, agrémentée d’une plaque d’immatriculation à deux, trois ou quatre chiffres. Un gros bonnet comme on en fait beaucoup dans ce pays. Qui se déplace à toute allure, avec moult gardes du corps, escorté d’autres bolides puissants ou d’une série de motards excités. Pour peu que ce personnage décide de passer par là… ces derniers prennent la liberté de bloquer la circulation, d’effrayer les passants…
Non, Madame ne cherche pas un Monsieur qui a beaucoup d’argent et le pouvoir qui va avec, qu’importe comment ce pactole a été amassé… Rompu aux affaires et ayant fait de la politique son business, lucratif, ce responsable tout puissant est souvent affublé de titres. Très rarement au féminin. Président, ministre, député, directeur, général, cheikh, Mir… Heureusement, pas de rois à l’horizon. Que d’obscures principautés. Qui se transmettent de père, en fils, en gendre. Mais, Madame n’a que faire de tous ces titres, que tous ces responsables ont vidé de leur sens. Elle n’en a carrément rien à battre. De leurs discours trompeurs, leurs mines contrites et leurs airs satisfaits. Ils ont l’arrogance des ignorants et l’agressivité des bons à rien. Difficiles d’accès, ils ont évidemment oublié que s’ils sont là, c’est grâce aux votes de leurs concitoyens. Ou que s’ils sont ministre, fonctionnaire ou encore en charge d’un service public, ils sont à ce poste dans le seul but de servir l’intérêt public et non leurs propres lubies.
Aussi, Madame se désintéresse de tous ces personnages méprisables qui n’ont pas froid aux yeux et ne craignent pas le ridicule. Tiens, en voilà un qui s’est pris en selfie pas plus tard qu’hier dans une de ces soirées huppées de la ville. Invité par des hôtes rompus aux baisemains. Des êtres soumis, calqués à son image, qui rêvent de devenir un jour comme lui, des responsables… Et qui, en attendant, remettront dans l’urne un bulletin identique pour peu que ces mêmes clowns grotesques se portent candidats aux élections qu’ils ne semblent pas pressés d’organiser. Ils ont en effet déjà avalisé sans broncher l’annulation des élections une première et une deuxième fois! Bien accrochés à leurs sièges, ils sont convaincus qu’il leur revient de plein droit. Ou, pire, faisant fi du droit, ils croient que ce perchoir est un attribut naturel qui leur échoit, ainsi qu’à tous les membres de leur famille.
Non, Madame ne cherche pas ces irresponsables. Responsables de tous ses malheurs. Ceux-là mêmes qui se tournent les pouces depuis des années. Des mois. Tout en se remplissant les poches. Elle sent encore en elle la colère qui gronde pour peu qu’elle pense à la dernière crise en date. Le cirque des déchets ménagers. Et non, huit mois plus tard, Madame n’est toujours pas convaincue de la «solution» avancée. Et qui n’a pas trouvé d’issue à la question du traitement des déchets de manière durable écologique, et économique… Surtout, elle n’est pas prête à oublier l’inconfort et la honte subis pour avoir dû vivre de longs mois dans un pays transformé en poubelle à ciel ouvert. Non, elle ne cherche pas le responsable qui l’a mise dans la merde. Elle sait où le trouver, celui-là ! D’ailleurs, en pensant à lui, c’est plutôt le peuple qu’elle cherche. Et les instances juridiques. Tous censés traquer cet irresponsable et le sanctionner pour tous les dommages résultant de son sabotage intentionnel ou son incurie.
Madame, elle, cherche encore le responsable. Le vrai. Celui qui un jour pourra lui assurer son confort. Son bien-être. Et veiller sur ses droits. Elle cherche un responsable qui allègerait ses peines. Un honnête homme. Ou une Femme qui prendrait ses responsabilités à cœur. Et qui tirerait discrètement sa révérence, à la fin de son mandat. C’est qu’au vu de tant de décadence, Madame rêve de grandeur… d’âme.
Malheureusement, Madame a beau le chercher, ce responsable-là. Elle ne le trouve pas.
L.Z.
