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Octobre 2015 N˚268

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Christoff Baron

Christoff Baron Milad Ayoud.

La tentation du sacré

La rencontre a lieu dans une maison libanaise quasi abandonnée et ce n’est pas un hasard. L’artiste peintre Christoff Baron revient à Beyrouth, en résidence cette fois-ci comme il tient à le préciser. Il installe avec bonheur ses pinceaux, ses couleurs et son regard dans cette bâtisse, courtoisie de l’architecte Antoine Samaha. Pour mieux sentir le souffle de la ville et s’en inspirer en prévision de l’exposition qui se tiendra à la galerie Aïda Cherfan Fine Art*.

Ce séjour à l’étranger est le premier en dehors de son atelier situé sur l’une des plus belles places de Strasbourg où il vit depuis 20 ans. «Les Libanais ont des goûts qui leur sont propres, ils aiment plutôt les couleurs vives. Je suis ravi d’être absorbé dans leur quotidien et que cette contrainte, finalement positive, me permette de développer d’autres techniques», confie l’artiste. Arrêt devant ses œuvres à la signature plus que prononcée. «Ce sont mes gueules de bois, un hommage au roman policier», lance-t-il en guise d’introduction face à des visages étalés sur des triptyques et tournés l’un vers l’autre. «J’aime qu’ils dialoguent entre eux», précise-t-il avec malice. Pour montrer les veines du bois, son matériau de prédilection qu’il laisse volontairement à l’état brut en ponçant seulement sous le motif, Baron utilise la lasure, une sorte de vernis qu’il colore avec des pigments. Tout en caressant ces palettes qu’il affectionne particulièrement et qui le touchent, il confie: «Hormis les raisons plastiques, j’aime leur vécu et ce qu’elles symbolisent: les déchets de la consommation, tout ce que la société oublie et ce qui a été transporté sur ces planches que nous ne voyons pas, car elles sont négligeables.» Elles évoquent aussi le travail anonyme des ouvriers puisque le maçon y essuie sa truelle, le peintre y frotte son pinceau. «Nous sommes les maillons d’une même chaîne», relève Christoff.

Le vécu de ses planches
Néanmoins, il trouve assez «impertinent» de proposer des œuvres d’art sur des échafaudages et des planches méprisés! L’artiste qui n’a de baron que le nom de famille est plutôt un rêveur, un être spirituel qui aime les taches, les traces d’usinage, les «accidents» sur ces morceaux de bois malmenés. Il réussit pourtant à les emmener loin dans son parcours artistique qui a démarré en 1999 quand il commence à découvrir la peinture ou le geste en connexion avec l’esprit. L’exercice lui plaît et il s’essaie même à la bande dessinée, «la rencontre entre le mot et l’image», explique-t-il. Une autre rencontre le marque, celle avec sa femme, sa muse, artiste elle aussi et qui l’ouvre à l’émotion esthétique. Inspiré, il dévoile ses créations au cours de différentes expositions personnelles et collectives à Lausanne, Berlin, Vienne, Séoul, Bruxelles et d’autres villes avec, à chaque escale, «des rencontres et des galeristes qui sont des locaux sympathiques et normaux.»
En découvrant la série de toreros qu’il expose à Damas en 2009, la galeriste Aïda Cherfan flaire le vrai talent et acquiert
deux pièces qui seront rapidement raflées par des connaisseurs. Elle l’invite à exposer sur ses cimaises en 2012. Pour leur deuxième collaboration dans le cadre de l’exposition d’octobre, Christoff Baron a déjà paré les planches de l’habit de lumière du torero et de sa gracieuse gestuelle. Le monde de la tauromachie et son jeu profane avec la mort le fascinent. Il évoque le mythique Manolete qui a initié le spectacle burlesque de sa danse avec le taureau et qui meurt dans l’arène, marquant à jamais l’histoire de la tauromachie. «Il y a quelque chose de religieux dans cet art, la croix sur la cravate du torero et une connivence théâtrale dans son costume qui rappelle l’habit clérical.»

Une œuvre spirituelle
Christoff Baron, issu d’une famille de protestants fondamentalistes, décide de prendre ses distances et se convertit au catholicisme à 20 ans, «pour ne pas être en décalage culturel avec la France où je vivais à l’époque.» Depuis, le sacré s’invite dans ses nombreuses représentations de la Cène qu’il symbolise d’une façon académique avec les drapés à la Léonard de Vinci et d’autres clins d’œil à l’Histoire de l’Art. Il y place, en toute liberté autour de la figure du Christ qui lui est chère, un mélange de physionomies pour revendiquer l’universalité de ce sujet religieux et reprend la structure des arcades en verrières typiques aux maisons libanaises. L’artiste revient, par ses dessins et ses couleurs, à cet épisode qu’il trouve représentatif de l’humanité. «Un des évangélistes a parlé de cette occasion manquée juste avant la mort du Christ. Nous aussi sommes souvent à côté de la plaque quand il y a de la poésie et que nous ne la voyons pas», poursuit-il avec une gravité profonde. Le jeune homme est de plus en plus attiré par l’art sacré et réalise des travaux pour des églises dont il dit aimer la profondeur. Son magnifique retable de 5m20 x 5m20 pour l’église Saint-Grégoire sera dévoilé en novembre à Ribeauvillé.

L’artiste peintre qui a plus d’une corde à son arc est passé par l’enseignement de la littérature. Il aime les mots et jouer avec. Durant l’exposition, des exemplaires de son premier roman policier «Silver Rose» seront disposés parmi ses planches en bois revisitées. Christoff Baron promet aussi quelques créations inédites de mobilier en palettes. Il n’a pas fini de nous surprendre.

 

Danièle Henoud

 

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Editorial

Chroniques de la vie ordinaire à Beyrouth

Se réveiller en sursaut au son assourdissant des marteaux-piqueurs, ouvrir la fenêtre et humer les odeurs pestilentielles dégagées par les poubelles amoncelées au coin de la rue devant l’immense tour en béton qui a remplacé le jardin de la vieille bâtisse abandonnée.
Remarquer les fils électriques grossièrement enchevêtrés suspendus en l’air.

Déambuler sur les trottoirs éventrés encombrés par divers obstacles ou squattés par les «valets parking». Admirer la valse des citernes bringuebalantes distribuant une eau d’une limpidité douteuse aux citadins dont les réservoirs sont à sec.

EXCLUSIF

«J’ai un caractère bien trempé»

Adolescente, elle faisait déjà la une des grands magazines de mode. Elle est ensuite devenue l’égérie de la marque Burberry entre autres, avant de se lancer dans le cinéma avec de petits rôles d’abord, puis en occupant le haut de l’affiche du film de Jake Schreier «Paper Towns» dans lequel elle interprète Margo, une adolescente fugueuse et mystérieuse à souhait.