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Pédopsychiatre Marcel Rufo

Pédopsychiatre Marcel Rufo Milad Ayoub.

Ados, violence et réseaux sociaux

Écrans, violence, addiction, adolescence… le pédopsychiatre français Marcel Rufo s’est livré à bâtons rompus sur ces thématiques, à l’occasion de son passage au Liban, en février dernier.

Vous avez visité l’association Amel, qui s’occupe d’enfants syriens. Qu’en avez-vous pensé?
J’ai été emballé. J’ai vu des choses assez passionnantes et surprenantes, comme des enfants d’Alep qui allaient bien. Ces enfants avaient une réserve d’espérance en l’avenir et aussi des processus d’anticipation sur leur futur métier. Je les croyais traumatisés, écrasés par les bombes… En fait, ce sont des enfants comme les autres, malgré tout ce qu’ils ont vécu.

Nous sommes dans une région où l’enfant est confronté à des situations dramatiques. Comment peut-il se construire et grandir dans ce contexte?
Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Les enfants, devenus parents, diront à leurs enfants la chance qu’ils ont de vivre dans un pays en paix. Il y a aussi, chez les petits, une capacité à se projeter de manière optimiste, qu’ont perdue les personnes plus âgées. Quand par exemple, on perd un grand-père, il faut observer la façon dont les enfants vivent le deuil. Ils ne le vivent pas comme leurs parents, mais parfois, ils le copient. Il y a toujours ce processus d’énergie, de renouvellement, que représente l’enfant. C’est une vraie richesse.

Au Liban, l’accès aux images violentes est assez facile. Comment préserver nos gamins?
Les enfants, et notamment les adolescents, sont souvent plus vite informés que les parents. Il faut éviter la dissimulation, qui renforce la crainte. Si vous dites à votre enfant, «je ne veux pas que tu vois ça», il va penser que ça peut lui arriver, ou que le parent ne peut pas le protéger. Je crois que si je vivais ici et que j’étais un père de famille lors de la survenue d’un attentat, je dirais à mon enfant: «Je suis là pour te protéger». Il faut mettre cartes sur table, dépendamment de l’âge, bien sûr. Avant 6-7 ans, l’enfant croit que la mort est réversible et que les victimes vont se relever.

Ce contexte ne peut-il pas générer un sentiment d’angoisse, de peur de l’avenir chez les adolescents?
La guerre n’est bonne pour personne, encore moins pour des adolescents à un moment charnière de leur vie, où ils sont en train de construire leur avenir. Pour eux, ça reste plus dommageable que pour les adultes. Il y a 85% d’ados qui vont bien et 15% qui ne vont pas bien. Ceux-là sont vulnérables, pour d’autres facteurs. Je crois que la création, dans les écoles par exemple, de groupes de paroles, serait très bénéfique et utile. Je rêve de voir s’ouvrir à Beyrouth une Maison des adolescents, comme celles que j’ai créées en France. 106 ont vu le jour depuis 2004.

Les adolescents sont complétement immergés dans le numérique, les réseaux sociaux. Votre commentaire.
Les avantages sont très largement supérieurs aux inconvénients. Un adolescent inhibé, timide, le sera beaucoup moins quand il va sur la Toile, et ensuite dans la réalité, il se montrera plus à l’aise. J’aime aussi l’idée du nomadisme sur la Toile, c’est comme avoir une bibliothèque dans sa poche, on peut trouver n’importe quoi.

Justement, cela ne peut-il pas provoquer un effet de pensée-zapping?
L’adolescence est déjà une pensée zapping, en dehors de l’Internet. Les inconvénients, qui sont dramatiques, du numérique chez les ados, c’est d’abord le cyber-harcèlement, qui entraîne parfois des suicides. Il y a aussi les prédateurs sexuels, ou encore les sites imbéciles comme les pro-ana, pour les anorexiques, les sectes… Daech aussi. Sa clientèle, c’est d’abord sur Internet. Bien sûr que les dangers existent. L’une des solutions, c’est que les parents et les grands-parents s’intéressent à ce qui passionne leurs ados, qu’ils ne les abandonnent pas sur les réseaux, qu’ils «skypent» avec eux. Je ne dis pas que le compte Facebook doit être piraté par la mère ou le père, mais il y a un âge aussi pour accéder à ces réseaux. Il ne faut pas qu’à 11 ans, une jeune fille soit déjà sur Facebook. Les parents doivent savoir dire non. La frustration est nécessaire et l’interdit leur rend plus service que la démagogie. Ensuite, il faut expliquer à l’enfant, «ok, tu as des comptes, mais je regarde. Les réseaux sociaux oui, mais à condition que j’y ai accès. Quand tu seras grande, tu feras ce que tu voudras.» Aujourd’hui, l’émancipation est accélérée par les réseaux sociaux.

Lors de l’arrivée des tablettes sur le marché, certains professionnels de l’enfance en vantaient les mérites. Votre avis?
Je suis très circonspect là-dessus. Une tablette entre 0 et 3 ans, c’est toxique. C’est hypnotique, on a une répétition des dessins animés, toujours les mêmes. Et les parents abandonnent un peu leurs enfants devant ces écrans. La question qui se pose aujourd’hui c’est, va-t-on continuer à écrire à la main? Le temps n’est pas loin où, pour intégrer les dysgraphies, les dyslexies et permettre une égalité des chances, on mettra des tablettes dans toutes les classes de maternelle. Pour moi, rien ne remplace la lecture d’un conte de fées par le père ou la mère, d’autant que l’histoire va nous renvoyer à notre propre enfance. Il y a un moment sacré dans le conte. Il y a aussi la transmission des émotions. La transmission fait partie du passé. Et on n’a pas d’avenir si on n’a pas de passé.

Jenny Lafond.

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