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RAGOÛT DE LENTILLES VERTES DU PUY
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Fanny Seller

See further. See further. D.R.

Le vécu des lieux

Les murs blancs de la galerie beyrouthine Art On 56th, située dans le très arty Gemayzé, accueillent les œuvres de la plasticienne française Fanny Seller, qui a posé ses pinceaux au Liban depuis bientôt quatre ans. L’exposition intitulée «Timeless» est une expression picturale de la vie de l’artiste à Beyrouth à travers des toiles qui dépeignent son cadre de travail, une ancienne maison libanaise. Elle la représente peuplée d’enfants.

Ces tableaux nous transportent vers un ailleurs où résonne une mémoire fantasmée ou réelle, avec en filigrane des interrogations sur le sort de l’enfance confrontée à la violence.
La photographie d’archives intéresse au plus haut point Fanny Seller. Elle se plaît à transformer l’image, changer sa nature statique en une perspective dynamique, invitant de la sorte le spectateur à entamer un dialogue avec son œuvre. C’est dans cette optique qu’elle entreprend de collecter des clichés à l’Arab Image Foundation. Agrandis et assemblés, ils seront ensuite peints à l’échelle de son polyptyque composé de cinq éléments, «Qu’ont-ils fait de nous?». Sous un ciel rougeâtre, une quarantaine d’images d’enfants vêtus de costumes reflétant leur appartenance sociale ou confessionnelle, peuplent l’espace, en tenant entre leurs mains des jouets et notamment des carabines ou des revolvers. Cet immense tableau (480 cm x180 cm) aborde à travers une technique mixte des problématiques multiples, relatives à l’enfance, l’identité, la guerre et la mémoire. Exposée à Bruxelles en décembre 2015, cette œuvre nous parvient avec des modifications; «Je ne peux pas m’empêcher d’apporter des retouches, certaines représentations d’enfants ont été effacées ou remplacées par une ombre noire. Je m’approprie les photos pour insuffler aux personnages une nouvelle vie», explique Fanny.

Si l’œuvre précitée a bénéficié d’une importante couverture média, elle ne doit pas éclipser le reste de l’exposition composée de toiles aux formats divers qui racontent, tel un roman, les nombreuses vies de «Mansion», une résidence d’artistes au cœur de la ville. Fanny Seller y enseigne le yoga et les arts plastiques à des écoliers. Elle reproduit cette ambiance à travers une série de toiles dont la facture révèle des tonalités froides et une composition sagement équilibrée. Des touches rosâtres dessinant des enfants en mouvement se posent délicatement sur le support.

La créativité de l’artiste se nourrit de la vie courante et de ses mésaventures. Commentant une série de petits formats (35 cm x 35 cm), elle nous éclaire sur la genèse de son idée: «Une fuite d’eau a endommagé certaines des représentations d’enfants que j’avais conçues pour le polyptyque. J’ai donc utilisé ces peintures abîmées que j’ai travaillées au feutre, à l’aquarelle et au vernis avant de les mettre sous verre – des fragments récupérés dans une ancienne maison libanaise anéantie par des bulldozers»; le vécu des lieux est assurément un de ses thèmes de prédilection. Soucieuse de nous conter le fil de son existence, elle décline les représentations de son cadre de vie en dessins et aquarelles de petites dimensions, pour nous parler avec son vocabulaire artistique d’une fenêtre, d’un mur fissuré, d’un balcon en fer forgé ou d’un escalier.

Pluridisciplinaire, Seller exprime aussi ses idées et son ressenti par le biais d’une installation «See Further» composée d’un tas formé de boîtes d’allumettes locales saupoudrées de cendre. Au dessus, deux panneaux dessinés au fusain représentent les nouvelles constructions du secteur de Aïn Mreissé, skyline dernier cri de la capitale. Commentant cette œuvre, l’artiste surprend par ses propos qui sortent des sentiers battus: «Le choix du sujet ne se situe pas dans une perspective critiquant l’édification de ces gratte-ciel, je crois que les transformations sont inévitables, c’est le cycle même de la vie. Pour le reste, je suis inspirée par le feu, un élément essentiel de la nature; la cendre qui sert à fertiliser les sols participe aussi à l’énergie créatrice. Les couleurs rouge et jaune des boîtes d’allumettes font écho aux chakras japonais et indien.»

S’appuyant sur une palette chromatique assez réduite (bleu de Sienne, vermillon, noir et blanc), l’artiste, habitée par une belle énergie, se sent bien au Liban, un pays qui vibre et lui procure une source d’inspirations inépuisable.


Joëlle Zebouni

 

 

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