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Cinquante nuances de fantasmes débridés…

Cinquante nuances de fantasmes débridés… © dieKleinert / Alamy. / D.R.

Cinquante nuances de fantasmes débridés…

Aujourd’hui, la normalité n’attire plus, d’ailleurs le Kama-sutra, longtemps considéré comme la Bible du sexe inventif, est «has been».

Le succès phénoménal de «50 Shades of Grey» est un exemple vivant de ce que recherchent certains hommes et certaines femmes de ce XXIème siècle: une sexualité mise en scène qui leur procure une douleur génitrice de plaisir. Et cet univers-là est à portée de mobile. En un clic, les portes les plus torrides s’ouvrent. Gratuitement. Descente dans les dédales de la pornographie pour tous.
 

Sites de rencontres, drague sur Internet, vidéos pornos de simples amateurs qui exhibent leurs ébats, le sexe cru a la cote. Et la recherche du plaisir immédiat sans autre prise de tête est devenue bien commune. On fait de moins en moins l’amour: on baise. On baise surtout selon un menu qui est proposé: «SM (sadomaso), Hard Core, GangBang, Bondage Homo, Lesbian, Punishment, Mature…», un tas de catégories ou sous-catégories à sélectionner sur Pornhub, un site gratuit (sur lequel on retrouve des clips hot, notamment ceux de notre Mia Khalifé nationale) parmi tant d’autres qui offre un panel de vidéos pour satisfaire tous les fantasmes possibles. Mieux encore, à partir du moment où votre mobile ou PC est localisé, on vous envoie tout de suite des invitations (qui clignotent) à rencontrer live une femme ou un homme dans votre région qui se ferait un plaisir de passer à l’acte par caméra interposée ou de vous retrouver! «Baise-moi en arabe et en direct», dit l’annonce juteuse. Ces sites étant gratuits, tout le monde peut y avoir accès, que l’on soit majeur et vacciné ou pas. C’est ce qui rend terrifiant l’usage qui peut en être fait.


Le sadomasochisme a le vent en poupe!
S’il était difficile pour un(e) adepte des pratiques sadomasochistes de trouver un(e) partenaire consentant(e), en totale harmonie avec ses envies, ce n’est plus le cas de nos jours. Les disciples du SM sont légion. Pourquoi cette déviance? L’amour de la domination, la recherche d’un plaisir beaucoup plus intense et plus fort, même et surtout s’il passe par la case «fais-moi mal». Ces fantasmes communs donnent du plaisir aux couples friands de SM et agrémentent leur sexualité en leur permettant d’avoir des rapports plus ludiques… qui leur évitent de tomber dans des habitudes pourvoyeuses de frustrations. Le problème, cependant, reste cet enfermement dans une pratique déviante, et le fait que pour la majorité d’entre eux, il ne peut plus y avoir d’autres formes de sexualité, d’autres satisfactions. Surtout que beaucoup de personnes acceptent ces pratiques sans réellement y adhérer, juste pour ne pas perdre leur partenaire ou leur conjoint. Souvent la femme ou l’homme (partenaire), qui n’est pas fondamentalement sadique, se retrouve à «exagérer» ses envies pour garder son amant(e). On se retrouve au final avec un(e) partenaire mal à l’aise et dépassé(e) et un(e) autre trop heureux de ce qu’il a trouvé pour avoir envie de bouger. Apprécier ce genre de pratiques sexuelles nous en dit finalement long sur nous-mêmes. Jadis taboues, elles sont de plus en plus reconnues et acceptées aujourd’hui, comme une expression normale de la sexualité humaine… L’érotisation du fait d’être humilié, dominé ou maltraité, est entrée dans les mœurs – toujours à condition que ce soit entre adultes consentants, bien sûr!


L’amour de la mise en scène
Dans les pratiques sadomasos, les acteurs semblent prisonniers d’un scénario qu’ils ont besoin de mettre en pratique pour déclencher leur excitation. Ce scénario vient en général de très loin dans l’enfance, lors de la formation de la structure de la personnalité, bien avant la puberté. L’origine de l’attirance vers les pratiques sadomasochistes, puisque c’est de cela dont il s’agit, se trouve dans la relation avec la mère, vécue sur un mode domination-soumission ou amour-souffrance. Ce mode de fonctionnement est intégré et reproduit dans les relations amoureuses. Et, il est très figé, parce qu’il a été assimilé, et qu’il est reproduit dans une sorte de contrainte qui ne laisse pas de place à la liberté. L’excitation est dépendante d’un cadre rigide, et tout ce qui est hors du cadre peut sembler anormal. Le discours est souvent extrêmement structuré, et il est très difficile d’échanger en profondeur sur le ressenti ou les émotions…

Là où l’on doit sérieusement s’inquiéter c’est lorsque le sadomasochisme n’est plus un jeu, mais relève d’une perversion: l’autre devient uniquement un objet de plaisir, ses sentiments et ses émotions ne sont pas pris en compte… Détecter cela est très simple et le signal d’alarme est à prendre très au sérieux lorsque cette pratique devient l’unique manière d’arriver à une excitation sexuelle. De plus, et très souvent, ce n’est pas d’une ouverture vers un jeu, mais plutôt d’un enfermement dans une pratique, sans ouverture vers ce dont l’autre pourrait avoir envie. Dans ces cas-là, le partenaire qui «subit» est en droit de refuser une relation dont l’échange physique est basé, non sur une rencontre, mais sur une cicatrice du passé dont il ne pourra que rejouer sans cesse les mêmes scènes.


La jouissance et l’émotion
Sans la sollicitation du vécu et des émotions qu’il a engrangées, le plaisir est condamné à rester enfermé dans ses limites corporelles. Et se voir ainsi confiné dans un échange instinctif, animal et surtout mécanique. Le rapport sexuel avec l’autre, les autres, devient une simple consommation. On fait l’amour comme on mange, comme on dort et comme on boit. Et ceci est loin, très loin de la jouissance physique et émotionnelle. Au-delà des différences physiologiques et psychologiques entre hommes et femmes, la jouissance exige un climat particulier fait de désir, de confiance et de respect. Impossible de s’abandonner dès lors que l’on s’attache trop au plaisir de son partenaire ou au sien propre: on réduit immanquablement l’autre à un objet de plaisir, ou soi-même, à un objet narcissique. «Pour qu’il y ait jouissance, il faut que j’aime et que je me sente aimée, explique Tania, 33 ans. Même si ça ne dure que le temps de l’échange. Je ne peux pas envisager d’avoir du plaisir sans aimer le regard, les gestes, le corps de l’homme avec qui je fais l’amour. Sans cela, il n’y a pas pour moi de jouissance possible.» La libido doit être comprise comme la recherche du plaisir au sens large (non seulement sexuel) – or, c’est le plaisir qui rend la vie «vivable» et le sexe en fait largement partie (à part, bien sûr, sa fonction de procréation). Cette énergie libidinale est censée nous pousser vers des plaisirs «plaisants», mais là, ce sont des perversions, «non-plaisantes», en quelque sorte.


L’éclairage psy Sadiques et masochistes: deux revers d’une même médaille?
Il faut savoir également que les sadiques sont aussi (si on creuse plus profondément) des masochistes. En effet, s’ils trouvent leur plaisir dans la victimisation d’autres personnes, ils s’identifient également à leurs victimes. Ils prétendent tirer leur plaisir du sentiment de toute-puissance que le fait de violenter leur procure, mais ce n’est qu’une défense contre leur passivité sous-jacente. Nous avons tous en nous un côté sombre qui nous pousse, si l’on n’est pas lucide, à des modes de soulagement destructeurs, et il est de la responsabilité de chaque humain de travailler à mieux se connaître pour ne pas reproduire ces modèles-là. Cette excitation sexuelle obtenue via le sadisme ou le masochisme, montre en fait une facette sordide de la psychologie de ses adeptes… Le sadomasochisme réveille et rend excitant le côté sombre de notre être. Un exemple concret: les êtres qui durant leur enfance ont manqué d’amour, qui ont été bloqués, frappés, humiliés, contrôlés, critiqués, rejetés ou abandonnés, ont en fait «libidinisé» leur souffrance, ce qui fait qu’ils en tirent finalement une gratification illusoire via une vie sexuelle régie par la violence.

 50 Shades of Grey décryptage   

 Anastasia Steele (Dakota Johnson), jeune étudiante en littérature, tombe sous le charme du riche et mystérieux Christian Grey (Jamie Dornan), qui s’avère être un adepte du sadomasochisme. «Je ne fais pas l’amour, je baise», lui explique-t-il, en protégeant son penchant par un contrat détaillé. Lentement, mais sûrement, il initie Anastasia, encore vierge, aux plaisirs de la soumission et du bondage. En fait, plus le film avance, plus le rapport de force s’inverse. De pauvre petite fille naïve, Anastasia gagne en pouvoir sur Christian au fur et à mesure qu’il en devient amoureux. On ne pourra pas parler de relation abusive quand Christian Grey demande sans arrêt son consentement à Anastasia. Le plus désespérant dans cette histoire n’est pas dans l’érotisme léché et glacé du film, c’est le conte de fées habituel entre une jeune fille simple, et l’inévitable prince charmant très riche, genre Pretty Woman. En nettement moins convaincant.  

B.I.

 

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Editorial

Osez dire: yes, I do!

Qui dit que les contes de fées sont démodés et has been? Qui prétend que les histoires d’amour – toujours n’ont plus d’adeptes parmi les jeunes filles d’aujourd’hui, libérées et sans complexes?

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Cinquante nuances de fantasmes débridés…

Aujourd’hui, la normalité n’attire plus, d’ailleurs le Kama-sutra, longtemps considéré comme la Bible du sexe inventif, est «has been».