L’art va à la rencontre du grand public
Sous la thématique de “Résistance et Persistance”, l’association Art in Motion tient son premier événement, du 5 au 24 octobre, au cœur du jardin de Sanayeh. 24 artistes du Liban et d’ailleurs feront dialoguer leurs œuvres tout près de chaque citoyen.
L’art est toujours cantonné, se mouvant dans une bulle. Pourtant, il n’est pas destiné à un public restreint, élitiste, toujours le même. L’art a une portée universelle et collective, il s’adresse à tous et fait partie intégrante de l’espace public. Au Liban, l’idée n’a pas encore réellement fait son chemin, même si les initiatives dans ce sens se font de plus en plus nombreuses.
En partant de ce constat, de ce manque, est née l’association à but non lucratif, Art in Motion, fondée par Rania Tabbara et Rania Halawi, curatrices indépendantes, et Raya Farhat, directrice artistique indépendante. «Contrairement à l’Europe, le public au Liban est intimidé, il ne fréquente ni les galeries ni les foires, parce qu’il croit qu’il ne comprend rien à l’art. On a ainsi senti le besoin de mettre ce public en contact avec les arts. À partir de là, tout s’est mis en place», expliquent conjointement, Rania Tabbara et Rania Halawi.
Le meilleur moyen de rendre l’art public est de le mettre en mouvement, de le sortir du cadre habituel dans lequel il est cantonné, pour qu’il aille à la rencontre du grand public, au cœur même du Jardin René Mouawad, plus connu comme le Jardin de Sanayeh; un lieu choisi en raison de l’histoire qu’il porte, du sens qu’il dégage, de son évolution, depuis son édification en 1907 jusqu’à sa récente rénovation. «Le jardin a énormément résisté, il est temps de lui redonner sa gloire», affirme Rania Tabbara.
Le dialogue s’ouvre
Ce souffle de résistance qui distingue le jardin de Sanayeh, situé en plus à mi-chemin des deux secteurs de la ville, a inspiré à Art in Motion la thématique de sa première exposition, «Résistance et Persistance». C’est en fonction du thème que les artistes ont été sélectionnés, en collaboration avec Valerie Reinhold. 24 artistes libanais et internationaux sont ainsi invités non seulement à exposer leurs œuvres, dans une scénographie signée Lina Ghotmeh, mais à entamer un dialogue avec les visiteurs.
Sculptures, installations, vidéo, art conceptuel, design, performance… autant de médiums artistiques qui investissent l’espace public, invitent chaque visiteur lambda du jardin, toujours ouvert, à plonger au sein du processus artistique, puisque les artistes internationaux vont réaliser leurs œuvres «in situ», en interaction avec les pratiques artistiques locales et les matériaux de la région.
Au programme également, des débats publics, des discussions, des rencontres avec des artistes et des spécialistes de l’art contemporain, des ateliers de travail et d’initiation aux différentes formes d’expressions artistiques… Jusqu’au 24 octobre, le jardin de Sanayeh est appelé à devenir une escale presque obligatoire pour tout citoyen qui fréquente ce lieu.
N.R.