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The Third Window d’Akram Zaatari

The Third Window d’Akram Zaatari D.R.

La photo, l’espace et le temps

Depuis le 30 août, la galerie Sfeir Semler* accueille la troisième exposition personnelle d’Akram Zaatari; The Third Window repose essentiellement sur l’étude d’objets photographiques et de leurs histoires, thème central de la recherche menée par l’artiste dans le cadre de son engagement au sein de la Fondation Arabe pour l’image.

Une photographie n’a pas l’unique vocation de montrer un sujet, elle est tout autant ce qu’elle ne montre pas, mais ce qu’elle dégage de par son histoire: un temps, un espace qui lui sont propres et qui finissent par aller au-delà de ce qu’elle expose. Il ne s’agit ni d’un objet animé, ni d’un objet inanimé, mais d’un «objet informé», selon les termes de l’artiste. «Un objet informé est un objet conscient des matériaux et des processus qui l’ont produit, conscient de sa provenance, de sa morphologie et de son déplacement dans le temps, conscient de son histoire en ce sens qu’il est en mesure de la raconter par un langage qui lui est propre…»

The Third window est un concept que Zaatari emprunte à Paul Virillo. Employé en référence à la télédiffusion, le terme représente les écrans capables de transporter le spectateur à travers l’espace et le temps vers des mondes parallèles. Dans le contexte de cette exposition, Zaatari utilise ce concept pour désigner les différentes transactions inhérentes à la reproduction photographique, dont les objets portent les traces.

Élaborée en quinze séquences, tableaux où ensemble d’œuvres, l’exposition The Third Window introduit progressivement le visiteur dans un univers à la limite de l’hermétique où le concept se perçoit et se ressent dans son instantanéité avant de se fondre dans un surplus d’informations qui le ramènent, une fois de plus, à son hermétisme. Sauf que dans cette présente exposition, c’est l’objet en soi qui triomphe: l’objet photographique et ses multiples transgressions multimédias, de la vidéo à la représentation.

La perception de certaines œuvres en particulier ramène le conceptuel à l’état de sensation, à travers entre autres deux œuvres où les plaques de verre en négatifs ont longtemps été collées les unes aux autres, au point que les images ont fini par se superposer, comme l’ombre du photographe qui apparaît sur l’image dans la série The Secret Witness. Voilà deux histoires parallèles qui se recoupent pour fusionner au sein d’une troisième histoire; celle de la photographie.

Et la photographie finit par conter son code génétique, sa trajectoire, le contexte de sa création, son environnement, sa détérioration, la guerre. Elle finit, elle aussi, comme cette troisième fenêtre, par raconter une histoire autre, des histoires parallèles, à chaque nouvel effeuillement, à chaque nouvelle manipulation, à chaque nouveau traitement, comme de multiples couches sur lesquelles à chaque fois on se penche. Il suffit de plonger dans l’œuvre Against Photography où chaque signe d’usure contribue à l’histoire de l’objet qui est indépendante de l’image qu’elle représente, puisque c’est uniquement le relief du négatif qui est enregistré. Et même quand l’objet photographique est absent, on est conscient de son existence, de par les traces qu’il a laissées au contact du temps, comme le suggère la séquence Iraki Ruins où, à première vue, on ne voit que six classeurs vides, alors qu’en réalité, ils ont dû être vidés de leur contenu dont ils gardent les séquelles. Une petite nuance qui fait toute la différence conceptuelle dans l’approche de Zaatari. Et dans notre approche à la fois éphémère et durable de cette exposition.

La tournée s’achève sur une explosion d’émotions où s’entremêlent l’excitation et la frustration, le pétillement de l’attente et l’engouement de l’imaginaire. Elle s’achève sur l’œuvre Archeology, soit donc une plaque de verre agrandie représentant le portrait d’un athlète photographié par Antranick Anouchian, (1908-1991) mais dont les parties cruciales manquent. Zaatari a agrandi la plaque pour rendre l’excitation qu’il a ressentie au moment de la découvrir pour la première fois.

N.R. 

 

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Editorial

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