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Nº522

Nº522 D.R.

Quand la loi absout le violeur

Samedi 22 avril, la corniche de Aïn el-Mreissé s’est parée de bien étranges atours: un mariage aux couleurs de mort, pour manifester contre la loi 522. Une campagne menée par l’association Abaad, avec le soutien de la sculptrice Mireille Honein.

L’article 522 du Code Pénal Libanais absout le violeur de son crime s’il épouse sa victime! Jusqu’à il y a moins d’un an, seul 1% des Libanais était au courant de cette loi, selon un sondage d’opinion réalisé alors par l’Association Abaad, comme l’explique Alia Awada, responsable de la campagne «Le blanc ne couvre pas le viol», #Undress522. Mais aujourd’hui, ajoute-t-elle, «les gens sont de plus en plus sensibilisés à ce sujet», grâce à l’activité d’Abaad et de tant d’autres associations œuvrant, depuis environ sept ans, à l’abrogation de cette loi. Une proposition dans ce sens a déjà été approuvée par une commission parlementaire et inscrite à l’ordre du jour de la dernière session parlementaire, mais elle n’a jusqu’à présent pas encore été votée. Alia Awada souligne l’impact de l’implication dans ce combat de personnes comme Mireille Honein qui appuie cette campagne à travers l’installation qu’elle a exposée à Aïn el-Mreissé justement, «pour viser des tranches de la population que la société civile en général ne peut atteindre.»

Dès 11 heures du matin, les femmes d’Abaad, armées de brochures et d’ordinateurs portables, accostaient les promeneurs pour expliquer le cas inique de la loi 522 et accroître le nombre de signataires de la pétition exigeant son abrogation. Impossible de ne pas s’arrêter devant le «spectacle» perturbant de ces 31 robes blanches, pendues à des fils, flottant dans le vent. 31 robes pour s’arrêter à un chiffre signifiant, celui des mois les plus longs de l’année, d’autant plus que, pratiquement, il aurait été épuisant, voire temporellement inimaginable, de concevoir 365 robes.

Féministe de longue date, depuis
41 ans de façon active, depuis Paris où elle s’est installée, militante de la libre expression, à travers sa sculpture, Mireille Honein exprime de manière alternative le Liban et les femmes.

«Pour moi, ajoute-t-elle, le mariage est une institution obsolète. Les jeunes ne veulent plus vivre dans ce genre d’enfermement, ni dans ce genre d’engagement caduque. Ils veulent quelque chose qui leur soit adapté.»

Elle s’est donc lancée dans ce projet, n’utilisant que du papier de tous genres pour renvoyer au côté éphémère, déformant les robes quand elles paraissaient jolies, et apprenant durant 3 jours à faire un nœud de pendu. Cette installation était restée chez elle, ayant eu pour l’exposer plusieurs propositions qui ne coïncidaient cependant pas avec son discours… jusqu’au jour où le contact fut établi avec les femmes d’Abaad. Elle décide d’offrir son installation en guise de message fort, de combat contre la loi 522. «Que mon cheminement de 40 ans rejoigne une actualité libanaise concernant les femmes sur ma terre natale, c’est l’accomplissement!»

Et de raconter comment la veille, en transposant les robes du fil sur lequel elles étaient placées en attendant leur pendaison, le jeune homme qui l’aidait s’en est trouvé entièrement démoralisé: «Il m’a dit: Non madame, s’il vous plaît, dites-moi que je ne suis pas en train de la pendre! Je ne veux pas la pendre! Ça m’a fait un coup à l’estomac. Alors je lui ai dit: Portez-la comme un bébé et amenez-la moi.»

Le message est passé, bien passé. Comme cette autre rencontre, cette jeune femme qui l’accoste: «On dirait une fête. Mais pourquoi est-ce que je sens une nausée à l’intérieur du ventre? Parfois, ajoute Mireille, notre corps comprend avant nous. Je pense que les gens comprendront qu’il faut qu’on se mobilise tous pour qu’il n’y ait plus une seule femme violentée et re-violentée avec préméditation jusqu’à la fin de sa vie.»

N.R.

 

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Editorial

La République libanaise célébrait le 22 avril, à grand renfort de flonflons médiatiques, le deuxième anniversaire de l’entrée en vigueur du nouveau code de la route. Juste 3 semaines après le 1er avril!
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